DES PRIX NOBEL DE LA PAIX ET LE DIRECTEUR GENERAL DE L'UNESCO LANCENT LE MANIFESTE 2000 POUR UNE CULTURE DE LA PAIX ET DE LA NON-VIOLENCE

Paris, 4 mars {N°99-39} - Le Directeur général de l'UNESCO, Federico Mayor, et les Prix Nobel de la paix Mairead Corrigan Maguire (Irlande du Nord), Rigoberta Menchú Tum (Guatemala), et Adolfo Pérez Esquivel (Argentine), ont lancé aujourd'hui le Manifeste 2000 pour une culture de la paix et de la non-violence qui est destiné à générer un mouvement populaire mondial en faveur de la paix, de la solidarité et de la tolérance. Le maire de Paris a également assisté à l'événement.

Le mouvement et le Manifeste 2000 s'inscrivent dans le cadre de la préparation, par l'UNESCO, de l'an 2000, proclamée Année internationale de la culture de la paix par l'Assemblée générale des Nations Unies à l'initiative de l'Organisation. L'UNESCO a été désigné coordonnateur pour cette Année.

Le Manifeste cherche à obtenir l'engagement personnel des individus du monde entier à souscrire les valeurs de paix, de tolérance, de partage et de solidarité qui inspirent la culture de la paix et à les traduire dans la réalité et au quotidien.

En six points, le Manifeste met en avant les valeurs suivantes : respecter la vie et la dignité de chaque être humain ; pratiquer la non-violence active ; partager temps et ressources matérielles en cultivant la générosité, afin de mettre fin à l'exclusion, à l'injustice et à l'oppression politique et économique ; défendre la liberté d'expression et la diversité culturelle ; promouvoir une consommation responsable ; contribuer au développement communautaire, avec la pleine participation des femmes et dans le respect des principes démocratiques, afin de créer, ensemble, de nouvelles formes de solidarité.

Présentant, à la Tour Eiffel, le Manifeste, Mairead Maguire a parlé d'«un document historique ». « Ce que nous voulons, c'est atteindre le coeur et l'esprit des gens, et pas seulement obtenir leurs signatures », a-t-elle déclaré en faisant référence aux 100 millions de signatures que les Prix Nobel de la paix, qui ont écrit le Manifeste, et l'UNESCO espèrent recueillir.

La militante pour la paix a souligné que l'objectif du Manifeste est d'obtenir l'engagement individuel de chacun dans le monde entier à mettre fin à la violence et aux tueries. Dans une allocution très émouvante, elle a expliqué combien le monde pourrait être beau si les valeurs exprimées dans la campagne pour la paix lancée aujourd'hui pouvaient être traduites dans la réalité. Mais, a-t-elle ajouté, « pour beaucoup trop de personnes, il est difficile de voir la beauté, quand on n'a rien dans l'estomac et quand ses enfants meurent de maladies qui auraient pu être prévenues ». Mme Maguire a déploré le fait que, malgré les fantastiques progrès technologiques, aucune solution n'a été trouvée au problème de la pauvreté.

Mairead Maguire a également lu les messages de soutien au mouvement de la paix provenant du chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, et du Président d'Afrique du Sud, Nelson Mandela. Elle a regretté le fait que la Birmane Aung San Suu Kyi n'ait pu être associée au mouvement car « elle n'est pas autorisée à communiquer avec le monde extérieur ».

Elle a conclu par un vibrant appel : « Nous ne devons pas avoir peur de sortir dans notre monde. Croyez avec ferveur à votre pouvoir de changer le monde. Il y a des millions et des millions de personnes de par le monde qui désire la paix et la non-violence. Ce document nous donne le pouvoir de changer le monde ».

Prenant alors la parole, Rigoberta Menchú a affirmé soutenir de tout son coeur la culture de la paix. S'exprimant en tant que « survivante d'un génocide » et en tant que « mère indigène », elle a souligné qu'« il n'y a pas d'autre alternative que de soigner les blessures du passé. Nous qui avons souffert, nous croyons quand même à la paix et nous parions notre avenir sur elle ».

Appelant les signataires du Manifeste à s'impliquer activement dans la création d'une culture de la paix, Rigoberta Menchú a déclaré : « Nous ne voulons pas que nos enfants soient violents et commettent génocide, torture et viols ».

L'enseignant, artiste et militant des droits de l'homme, Adolfo Pérez Esquivel, a alors pris la parole pour les très nombreuses personnes d'Amérique latine qui « ont été victimes de génocides, de dictatures et de violence », et a déclaré que les enseignants devaient réévaluer leur conception de l'éducation. « Quel est l'objectif de notre enseignement ? » s'est-il interrogé. « En ne faisant que former de bons ingénieurs, nous produisons des esclaves bien éduqués, » a-t-il déclaré en insistant sur la nécessité d'apprendre aux jeunes à adhérer aux valeurs de paix et de solidarité.

« Sans liberté, nous ne pouvons conquérir la paix, » a-t-il dit. « Nous parlons de la liberté de trouver de nouvelles voies, car l'histoire que nous apprenons est l'histoire de la violence ». Il a aussi souligné l'aide que les artistes peuvent apporter à la diffusion du message de paix car « l'art est le langage qui touche les gens directement ». M. Pérez Esquivel a ajouté que « notre défi est de construire une nouvelle société » et a dénoncé « le progrès qui ne sert qu'à quelques-uns tandis que des millions d'autres restent exclus et marginalisés ».

Le Directeur général de l'UNESCO, Federico Mayor, a déclaré que « la cause de la paix a aujourd'hui plus que jamais besoin de ce mouvement pour lutter contre des siècles de culture de force et de coercition. A l'aube de ce nouveau siècle et millénaire, nous avons besoin de chacun pour assurer une transition et un nouveau départ vers une culture de la paix et du dialogue, de la non-violence et de la tolérance ».

Federico Mayor a appelé les gouvernements, les parlementaires, les médias et les maires à soutenir cette initiative. « Les maires, » a-t-il dit, « occupent une position privilégiée pour prendre des mesures pour les jeunes qui représentent l'avenir ». Il a ensuite mis l'accent sur l'importance de la paix en tant que « condition préalable sans laquelle il n'y a pas de justice, de liberté, de liberté d'expression ou de développement ». Il a également souligné que « nous avons le moyen de lutter contre la violence. [...] Nous savons comment élever les défenses de la paix, grâce à l'éducation, grâce au partage du savoir, et en favorisant la diversité culturelle et la créativité ».

Parlant du XXe siècle comme un siècle de violence et de mort, il a déclaré : « Nous en avons payé le prix en vies humaines. Nous devons maintenant payer pour la paix. Le grand défi auquel nous faisons face maintenant est d'apprendre à respecter l'autre, à écouter l'autre ».

Federico Mayor a également parlé de l'importance de combattre la pauvreté pour réussir le changement vers une culture de la paix et a ajouté que « la démocratie est la meilleure façon de combattre la pauvreté. La liberté, la solidarité, la démocratie et la paix sont les piliers » sur lesquels un meilleur futur peut être fondé. « Main dans la main, nous pourrons écrire le futur, lorsque nous aurons réalisé le potentiel de la mobilisation, » a-t-il déclaré, ajoutant : « Cultivons la paix chaque jour. La paix est comme la liberté, elle ne nous est pas donnée, nous devons la construire ».

M. Mayor a annoncé que David Trimble, Premier ministre désigné d'Irlande du Nord, avait adressé un message de soutien à cette initiative. Dans son message, il appuie les objectifs du Manifeste 2000 « reconnaissant la diversité culturelle, le respect de la vie humaine et oeuvrant activement en faveur de la non-violence ».

Le maire de Paris, Jean Tiberi, a annoncé que la ville soutiendra le Manifeste : « Elle va le diffuser dans son réseau scolaire [et] dans son réseau d'information ». Il a également déclaré : « Paris, ville de la fraternité, creuset des différentes cultures, ne pouvait que constituer l'écrin particulier pour accueillir le premier geste public de ce programme pour une culture de la paix et de la non-violence ».

Le Directeur général de l'UNESCO a présenté le logo de l'Année internationale de la culture de la paix, - une représentation stylisée de deux mains entrelacées -, conçu par l'artiste allemande Barbara Blickle, et le graphiste espagnol Luis Sarda de Abreu.

Enfin, Federico Mayor a salué des représentants d'une centaine de jeunes « messagers de la paix » qui ont signé le Manifeste et participeront à la collecte de nouvelles signatures.

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Le Manifeste peut être consulté - et signé - sur Internet : www.unesco.org/manifesto2000

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